Quelques dates historiques

Spanish Map of Hispaniola by 1723, Original in The John Carter Brown Library, Brown University

Spanish Map of Hispaniola by 1723, Original in The John Carter Brown Library, Brown University

I – LA COLONISATION (1492-1788)

  1492 : Christophe Colomb débarque sur l’île d’Haïti qu’il appelle Hispaniola et qui deviendra Santo Domingo. L’île compte plusieurs milliers d’indiens Arawaks et Taïnos. En moins de 30 ans la plupart périssent, victimes de sévices et de maladies venues d’Europe. » La rencontre des deux mondes  » commence par un génocide !

1500-1788 : Pour remplacer la main-d’œuvre indigène, les Français qui succèdent aux Espagnols partis vers le continent américain, organisent une déportation massive d’esclaves africains. L’île, devenue française en 1697, s’appelle Saint-Domingue. Elle produit du tabac, du cacao, de l’indigo.
Les colons affluent et de grandes plantations de canne à sucre enrichissent la France, mais à quel prix ?
Celui de la souffrance de milliers d’esclaves, avilis, exploités et privés de liberté.

II- LES LUTTES POUR L’ABOLITION DE L’ESCLAVAGE ET POUR L’INDEPENDANCE

1789 : La Révolution Française divise la population. Les Blancs pauvres en sont partisans et s’opposent aux blancs riches qui la condamnent ; les  » hommes de couleur libres  » réclament l’égalité avec les Blancs. En 1791 des esclaves conduits par Boukman se soulèvent et massacrent des blancs. Les colons font appel alors aux Espagnols et aux Anglais.
Le Commissaire de la République, Sonthonax, en proclamant l’abolition de l’esclavage obtient l’appui de Toussaint Louverture, officier noir, et de ses troupes. Celui-ci expulse les Anglais en 1798 et dote Saint-Domingue d’une Constitution en 1801.

  1802-1804 : Bonaparte envoie une armée, commandée par son beau-frère le Général Leclerc. Sa mission ? Rétablir l’ordre et restaurer l’esclavage pourtant aboli par la Constituante.
Toussaint Louverture est capturé par traîtrise et exilé dans le Jura, au fort de Joux, où il mourra de froid.

Toussaint Louverture par Pierre-Charles Baquoy

Toussaint Louverture par Pierre-Charles Baquoy

Dessalines, son bras droit, décime l’armée française et triomphe en 1803 lors de la bataille décisive de Vertières.

 » 40 000 soldats français sont morts.
 » La Métropole quitte définitivement Saint-Domingue redevenu Haïti.
 » Bonaparte essuie sa première défaite militaire…jamais soulignée dans les manuels scolaires !

  1er Janvier 1804, Dessalines proclame l’indépendance de la 1ère République noire.

III- 2 SIECLES D’INSTABILITE : 1804-2004

  1804 -1915 : LA DIVISION DU PAYS
Contesté pour ses décisions brutales et autoritaires, Dessalines est assassiné par ses généraux Christophe et Pétion.
Après sa mort, ils se querellent et le pays est scindé en deux états. Il faudra attendre la mort de Christophe en 1819 pour que le pays soit réunifié par Boyer, successeur de Pétion.
En 1825 Boyer devenu Président, négocie la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France, moyennant une colossale somme d’argent qui grèvera le budget du pays pendant très longtemps.

  Les gouvernements se succèdent, mais tous exploitent la majorité paysanne ; les révoltes éclatent, les coups d’Etat se multiplient. Le pays est à la dérive.

  1915 – 1934 : Profitant de l’anarchie, les Américains occupent l’île ; leur but est d’instaurer un régime fort et d’en tirer des profits économiques ; les intellectuels haïtiens organisent une résistance de plus en plus active qui s’achèvera en 1934 par la fin de l’occupation américaine.

  1934 – 1986 : Durant une vingtaine d’année le pays se développe, mais en 1957, l’arrivée au pouvoir de François Duvalier débouche rapidement sur une dictature féroce ; il se proclame Président à vie, bâillonne la presse et fait régner la terreur grâce à ses milices de  » tontons macoutes « .
Les intellectuels et les riches mulâtres s’exilent privant ainsi Haïti de matière grise et de capitaux.
A sa mort, son fils Jean-Claude lui succède. La pression policière s’atténue mais l’aide financière de l’étranger est confisquée par la classe au pouvoir. Corruption et inégalité sociale déclenchent une violente réaction populaire, obligeant la famille Duvalier à partir en exil.

http://www.montesquieuvolvestre.com/article-haiti-les-anciens-presidents-aristide-et-duvalier-se-verraient-bien-a-nouveau-au-pouvoir-65398634.html

Jean-Bertrand Aristide et Jean-Claude Duvalier

  1986 – 2000 : L’instabilité est de retour ; les gouvernements se succèdent. Leader de l’opposition, le Père Aristide est élu Président en 1990. Ses réformes effraient. Il est renversé par un coup d’Etat militaire en 1991 et s’exile au Etats-Unis.
Un embargo de quatre ans décidé par la Communauté internationale rend la situation économique, sociale et politique encore plus précaire.
En 1994, l’ordre constitutionnel est rétabli. Aristide avec le soutien des Américains revient en Haïti. René Préval est élu Président en 1995. Aristide lui succède en 2000.

  2002 : Les élections législatives sont boycottées par les partis de l’opposition qui constatent des irrégularités et de la fraude.
Depuis, les partisans du Président Aristide et de son mouvement  » lavalas  » et ceux de l’opposition s’affrontent souvent de façon violente. Assassinats, agressions, disparitions, arrestations arbitraires, se sont amplifiés créant un climat d’insécurité dans le pays.
Les organismes internationaux gèlent les fonds destinés à Haïti en raison des violations des droits de l’Homme dans le pays ; la misère s’accroît ; Aristide arme des bandes appelées  » chimères  » chargées de pourchasser et de maltraiter tous les opposants. Le plus emblématique d’entre eux, le journaliste Jean Dominique, est abattu devant sa station de radio.

  2003 : La presse indépendante est harcelée ; Haïti vit à nouveau dans la terreur Le Nouvellistedes bandes armées. En novembre une manifestation d’étudiants s’achève par des affrontements très violents avec la police. La quasi totalité des secteurs de la société civile réclame le départ d’Aristide ; des grèves sont réprimées dans le sang ; le président est de plus en plus isolé.

2004 Le 1er janvier : Célébration du Bicentenaire de naissance de la nation Haïtienne; les manifestations officielles sont boycottées par les partis de l’opposition et la plupart des états. Le président sud africain M’Beki est le seul chef d’état présent.
En février des insurgés, conduits par l’ancien commissaire de police Guy Philippe, s’emparent de la ville du Cap Haïtien, puis des Gonaïves. Le pouvoir vacille ; l’anarchie et un désastre humanitaire menacent le pays. Les rebelles progressent vers la capitale Port-au-Prince.
A l’ONU la France demande le départ d’Aristide ;  » lâché  » aussi par les Etats-Unis, le président doit quitter finalement le pays le 29 février.
L’ONU adopte une résolution prévoyant la création d’une mission pour stabiliser Haïti. Des soldats de plusieurs nationalités, dont des Français venus de Martinique et de Guadeloupe, ont pour objectifs le rétablissement de la sécurité et le retour de la justice. Un nouveau premier ministre intérimaire, Gérard Latortue, est chargé de préparer des élections en 2005.